Vincent van Gogh et la perspective.

Van Gogh, vous connaissez !

Vincent van Gogh - la vigne rouge

Vincent van Gogh – la vigne rouge
Le seul tableau officiellement vendu de son vivant.

Vincent van Gogh, nous a laissé environ 900 œuvres en 10 ans (de 27 à 37ans), et qui ne connaît pas au moins une dizaines de ses créations ?
Nul besoin de fréquenter les musées, pour en découvrir de nombreuses reproductions. Impossible d’y échapper, et impossible de ne pas le reconnaître avec son style bien particulier.

Et pourtant, ce peintre maudit n’aurait vendu officiellement qu’un seul tableau (la vigne rouge) quelques mois avant son suicide en 1890 alors que certaines de ses oeuvres se négocient un siècle plus tard à plusieurs dizaines de millions d’euros (82,5 millions de dollars pour le docteur Gachet en 1990).

Van Gogh et la perspective.

Van Gogh, qui était autodidacte, pensait que le dessin était la base de tout et que le temps qu’il y passait était forcément profitable à son art.
Mais saviez-vous que cet artiste de génie utilisait lui aussi un dispositif de visée pour réaliser ses esquisses ?

Vincent van Gogh – Blanchisserie à Scheveningen.
On voit clairement que le personnage central est trop grand.

Dans plusieurs de ses lettres qu’il écrivait à son frère Théo, il se plaignait des difficultés qu’il éprouvait dans l’application des règles de perspective.

Dans cette aquarelle qui date de 1882, on constate que la taille des personnages n’est pas conforme à la réalité. Il y a quelque chose qui cloche.

En 1880, au début de sa carrière artistique, il écrivait :
« Il y a des lois de proportion, de lumière et d’ombres de perspective que chacun doit connaître, dans le but d’être capable de tout dessiner.
Si on ne possède pas cette connaissance, cela restera toujours une lutte stérile et on ne peut donner naissance à rien du tout. »
Tout est dit…

Vincent van Gogh – Route à Etten.
Encore une erreur de taille sur 2ème personnage.

Van Gogh prend conscience de l’importance de la technique dans le dessin et en particulier le besoin de connaître les règles de la perspective.

On retrouve ce même problème sur cette aquarelle forte réalisée sur le vif, sans aucune préparation. Le personnage du centre est trop grand par rapport à sa position dans l’allée.

Van Gogh et son cadre à dessiner.

Mais van Gogh était un perfectionniste.
Nous sommes au milieu du 19ème siècle, donc plus de trois siècles après que Dürer ait fait ses premiers essais de machines à dessiner pour donner naissance à ce que nous connaissons sous le nom de « grille de Dürer ».

Van Gogh va donc s’en inspirer et créer son propre système de visée.
Le procédé qu’il utilise est une simplification extrême de la machine de Dürer, dont il utilise les règles de base.

Voici la description qu’il fit à son frère Théo dans une de ses innombrables lettres de ce qu’il appelait « ses petites fenêtres » :
« Tu auras vu dans ma dernière lettre un exemple de la grille de dessin dont je t’ai parlé. Je viens juste de rentrer de chez le forgeron qui vient de fabriquer des petites pointes de métal pour aller sur les tiges et les coins de la grille elle-même.
Elle possède deux longues tiges, et tu peux attacher la grille de manière verticale ou horizontale avec de solides piquets de bois. »

En regardant le sujet à travers le cadre au niveau de ses yeux, et en ajustant son regard au niveau de convergence des lignes, van Gogh était capable de reproduire les perspectives correctes de son paysage.

On retrouve des esquisses avec cadre dans certains de ses carnets de dessins (sketchbooks – musée d’Amsterdam) ainsi que sur certaines toiles qui ont été scannées aux infra rouges.

Encore une… juste pour le plaisir : Le champ de blé aux corbeaux (juillet 1890)

Quelques mois avant sa mort, il peindra sa toile mythique « le champ de blé aux corbeaux » sur laquelle il écrira à son frère qu’il n’utilise plus son cadre de perspective puisque cette peinture n’a pas la prétention d’être une « vue sur le monde réel ».

 

Article inspiré de la vidéo
Vincent van Gogh and his perspective frame – Origins of Modern Art 6
(c’est en anglais, mais on peut s’aider avec les sous-titres)

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